Tuesday 1 January 2013

Patrimoine oratoire.Le meilleur discours mauricien 2012. The best Speech for 2012

Bonne Année 2013 à tous.
Happy New year to all.

Le Discours de l'Année 2012
Le RCM (Répertoire Culturel Mauricien), a le plaisir de décerner la Palme d'Or du discours mauricien  de l'année 2012 à Yvan Martial.
Nous n'avons malheureusement plus l'occasion d'entendre de vrais beaux discours digne d'une nation mauricienne, que ce soit au Parlement ou sur les estrades politiques. Mais cette fois-ci, le RCM salue cette allocution d'Yvan Martial. Courageux , honnête et beau! Tristan Bréville.


Discours d’Yvan Martial à l’occasion du lancement du livre ‘Ile Maurice-500 Cartes Postales Anciennes’ au Blue Penny Museum le 7 décembre 2012.

Pas facile de te présenter, à cette noble assistance, mon cher Kailash.
En bon journaliste malappris, mal élevé, insolent, irrespectueux des
usages protocolaires, je me permets, de te tutoyer, tout Président de la
République que tu puisses être. Il s'agit d'une vieille ruse du métier de
journaliste, de faire croire, à la personne qu'on doit interroger, qu'on a
joué ensemble aux cannettes. L'interviewé est alors pris à contre-pied et
se croit obligé de se montrer aimable et coopératif. Avec toi, cette ruse ne
marche, pourtant, pas. Tu persistes à me vouvoyer et du coup me voilà
désarçonné. Et tu sais qu'il n'y a pas plus humiliant qu'un jockey
désarçonné, au départ ou en cours d'épreuve, et qui doit regagner, à pied,
le paddock, sous le regard faussement apitoyé des spectateurs.

  Quitte à te faire de la peine, mon cher Kailash, ce n’est pas en ta
qualité de Président de la République que je t'ai prié d'honorer de ta
présence la présentation du livre Maurice 500 cartes postales anciennes.
Cet après-midi, c'est au politicien, au sens le plus noble du terme, que je
m'adresse. Je me sens toujours profondément honoré pour l'amitié et
l'extrême courtoisie que tu manifestes, sans cesse, à mon égard.

Il est facile pour le journaliste, enfermé dans sa tour d'ivoire, de
tremper sa méchante plume, dans l'encrier le plus vitriolique qui soit, et
de descendre en flamme l'infortuné politicien, ayant le malheur de penser
autrement, que ce tyran qu'est facilement un journaliste, surtout s'il traîne
derrière lui une sulfureuse réputation de conne-tout. Mais quand ce
même journaliste doit descendre de son perchoir, se mêler à la plèbe,
rencontrer des victimes de ses diatribes, en la personne de politiciens
proches du Pouvoir, il fait moins le brave.


Double peut être, dans ce cas, la réaction des politiciens. Dans le
meilleur des cas, le politicien se drape dans sa dignité bafouée, passe
devant le journaliste, en l'ignorant, tout en le foudroyant du regard le plus
méprisant. Dans ce cas, le journaliste respire à son aise car il sait avoir
évité de justesse une déplaisante algarade publique. Dans le pire des cas,
c'est pourtant ce qui se passe. Le politicien prend le ciel et l'assistance à
témoin de l'injustice médiatique que ce journaliste lui fait subir. Le
journaliste sait alors qu'il n'a aucune aide à attendre de personne. Il ne
sait où se cacher. Au besoin, il accepterait volontiers de tomber dans une
nouvelle fosse (un comble, pourtant, pour lui, que cette fausse nouvelle)
pour cacher sa déconvenue.

Rien de semblable avec toi, mon cher Kailash. Tu vas volontiers
saluer ce journaliste qui ne t’épargne guère pourtant dans ses écrits. Et
s'il tente maladroitement de balbutier une excuse, tu n'as pas ton pareil
pour l'arrêter d'un geste amical, d'un sourire bienveillant. Ne confondons
surtout pas ta magnanimité exemplaire et proverbiale, avec une
quelconque feuille songe. Le noble politicien, que tu demeures, ne
peut manquer  être  douloureusement  blessé  par  des  critiques
journalistiques, même si elles sont bona fide mais pas fondées. Tu
souffres profondément dans ta chair, en tant que légiste scrupuleux,
tenant à s'appuyer sur des preuves irréfutables, pour te prononcer et agir
dans un sens ou dans l'autre. Tu souffres aussi en tant que politicien, en
tant que ministre, car tu sais qu'il est humainement pas possible de taire
plaisir à tout le monde et qu'il y aura toujours quelqu'un à être mécontent
d'une décision gouvernementale, prise pourtant dans l’intérêt du bien
commun, dans l’intérêt supérieur de la population. Ce quelqu'un, tu le
connais autant que moi, c'est le journaliste, l'éternel insatisfait.
Non seulement tu absous les critiques infondées de ce journaliste
mais tu trouves encore la force morale pour t'intéresser, en vérité, à sa
vision des choses, pourtant superficielle car journalistique.
En cela, mon cher Kailash, tu nous rappelles nos meilleurs politiciens
du 20e siècle, les Harilal Vaghjee, les Aunauth Beejadhur, les
Renganaden Seeneevassen, les Jules Koenig. On pourrait citer encore
Kader et Suleïman Bhayat, Cassam Uteem, Raouf Bundhun, Vidula
Nababsing. Comment ne pas faire une mention spéciale, ici, pour ton
maître et gourou : Seewoosagur Ramgoolam. Tu as été, avec lui. à bonne
école. Tu as été un bon élève attentif et intelligent. Nous retrouvons sans
peine, en toi, les meilleures qualités humaines qui furent celles de
Seewoosagur Ramgoolam, son inépuisable bonté d'âme pour tout être
humain, rencontré sur sa route, qu'il soit un grand de ce monde ou le dernier des derniers.  




Dans notre pays Maurice où tout le monde couche, politiquement
parlant, avec tout le monde, tu demeures, mon cher Kailash, l'homme
d'un seul parti. Ta fidélité au Parti Travailliste ne saurait être mise en
doute par personne. Tu as toujours accompagné ce parti, dans l’honneur
de la victoire électorale et du Pouvoir gouvernemental, comme dans ses
traversées du désert, avec, dans les deux cas, une dignité pareillement
remarquable et exemplaire. Tu demeures pareillement étranger à
l'exaltante ivresse du Pouvoir, comme de la maladive amertume du caro
cannes. Dans la victoire, comme dans la défaite  tu demeures égal à toi-
même, respectueux de tes principes, de tes codes de conduite, de tes
crédos, appris auprès des meilleurs de nos politiciens et légistes. Tu fais
partie de ce que notre pays Maurice produit de meilleur : des hommes de
cœur, des êtres foncièrement bons.

Pierre Chevènement a dit : un ministre, soit il ferme sa gueule, soit il
démissionne. Tu t'es démis de tes fondions ministérielles en janvier
1986, à l'instar de notre regretté Kader Bhayat, ton semblable, ton frère,
à tant de points de vue. Vous l’avez fait avec une dignité remarquable.
Pas la moindre trace d'amertume. Pas la moindre révélation indiscrète. Tu
n'es certainement pas de ceux, qui démissionnent d'un parti, pour aller se
jeter dans un lit adverse. Tu te contentes seulement de faire savoir qu'en
ton âme et conscience, tu ne peux plus assumer des fonctions
ministérielles. On ne saura rien de plus. On devra se contenter de cela. Le
pays Maurice te comprend sans problème. Message reçu 5 sur 5.

C'est donc l'ami bienveillant des journalistes que tu es, que j’ invite
 à présenter officiellement le livre des Editions Didier-Millet :

Maurice 500 cartes postales anciennes. Je relève toutefois que, parmi tes

Nombreuses responsabilités politiciennes et gouvernementales   tu as été
Speaker de 2005 à 2012. En tant que président de notre Assemblée
Nationale, tu as eu, entre autres, à empêcher, nos députés mais surtout nos
ministres, à induire en erreur notre Parlement mais surtout notre
population. Je te préviens donc charitablement, mon cher Kailash. Si, en
ton âme et conscience, tu as la conviction intime que les légendes et les
textes de liaison, que j'ai eu l'honneur de rédiger, ne sont pas dignes de la
beauté iconographique et de la valeur patrimoniale des cartes postales
d'André de Kervern, tu as le devoir, désormais, de mettre en garde la
noble assistance, ici présente. La parole est à toi.

Chers amis, je pense que notre ami Kailash Purryag a droit à nos
meilleurs applaudissements.

Yvan Martial

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