Friday, 25 February 2011

Vous avez dit patrimoine?

 Autopsie d’une faillite annoncée

La faillite du tristement célèbre  Hawkers’ Palace , qu’on rebaptisa ‘Garden Tower, suffoque tout Port-Louis. Avant les premiers coups de pioche par la firme Gamma Construction, la plus importante action fut  la   pose de la première pierre par le Premier Ministre Paul Bérenger en 2005. L’architecte du projet, Gaëtan Siew, ne ménageât aucune considération quant aux valeurs patrimoniales du site dont le propriétaire était la mairie de Port-Louis. (qui va devenir le plus grand perdant du projet). De connivence avec le DBM ,  la mairie de Port-Louis devint une marionnette. Une pluie maléfique allait s’abattre sur ce projet. 
            Pendant les fouilles je demandais à la mairie de Port-Louis , à travers le lord-maire Abdullah Hossen, d’empêcher que les pavés enlevés de la rue du Vieux Conseil dans les années 60 et utilisés pour remblayer ce terrain sur lequel allait être construite , en 1966, la salle Louis Lechelle , ne soient jetés ailleurs ou broyés par les énormes monstres mécaniques de la firme ?. En vain !
 J’invitais  M. Hossen à venir au Musée de la Photographie pour qu’il constate de visu comment les trois belles fenêtres en pierre du Musée allaient être carrément bouchées. Il vint. « On n’y peut rien », me dit-il ! Et fut effacée de la mémoire port-louisienne l’une des plus belles architectures mauriciennes! Cet architecture tait unique en son genre !
Les ingénieurs de la mairie de Port-Louis n’avaient, de surcroit, aucune autorité pour empêcher la déroute. Ce qui dérouta plus d’un! Qui ordonna qu’une partie  de la rue du Vieux Conseil, rue piétonne svp, soit ré ouverte à la circulation afin de permettre aux voitures d’aller se garer dans les nouveaux parkings du Garden Tower ?
La DBM (Development Bank of Mauritius), dirigé alors par monsieur  Chooramun,  , était le promoteur du projet avec comme actionnaire à 19% ..l’architecte même du projet.
J’avertis la mairie que le site était en fait le premier cimetière de Port Louis, celui dit de l’Enfoncement et qu’il fallait prendre des précautions. Je signalais la présence d’huitres et de poissons ‘fossilisés’, si on peut dire. Je photographiais les cranes et autres ossements humains ou animaux jusqu’au jour où l’excavateur posa son marteau sur de la pierre qui résonnait étrangement à une dalle et qui demandait du secours !
Je téléphonais au père Labour et à Radio One. Je remercie Philippe  Lahausse pour m’avoir honnêtement mentionné dans son livre , « Les Bâtisseurs de l’Ile Maurice »,  quand il écrit en préface : The first to act were Messrs Tristan Bréville, etc., etc..
Philippe Lahausse aurait pu écrire : « The first to act, and since a long time was Tristan Bréville”. Mais bon!
Où sont passées les 2000 pierres de la grande muraille longeant la rue du Vieux Conseil ? Celles sur lesquelles un certain Bérenger trouva du réconfort après avoir été sauvagement agressé il y a de cela plus de 35 ans !!
Où sont passées les linteaux des murs de la rue du Vieux Conseil, façonnés de main d’hommes avec art et patience par les premiers tailleurs de pierre mauriciens. Ils taillèrent ces pierres pour les murs de la première forge municipale ?
Le ruisseau Tonnier a disparu avec ses fougères plumetis pour construire le parvis du palace. Ce parvis planchéié est un véritable lit de saletés et un ‘highly dangerous breeding area for mosquitoes !’ font observer les touristes et les Mauriciens soucieux d’une Ile Maurice Durable.
Pendant la construction, que je filmais et photographiais quotidiennement, j’avertis la mairie que non seulement des blocs se détachaient des murs nouvellement construits mais aussi, que la toiture en tôle du Musée subissait de graves dégâts et qu’il y avait danger de mort tant des barres de fer et des tuyaux d’échafaudage pleuvaient dru . La police fut mandée sur les lieux. On colmata la toiture avec du chiffon.
Un beau jour on crut à un tremblement de terre. Dans un fracas assourdissant je vis s’enfuir les pauvres maçons chinois. On retira deux corps des débris. Le mur nouvellement construit et qui jouxtait la façade sud du musée s’était effondré. Pierre Poivre s’était vengé ! Un mur de plus de 10 mètres de haut par 20 mètres de long ! 
Un matin grande fut notre surprise quand nous constations que la merveilleuse varangue du musée, avec ses fougères et ses fleurs avait disparu. Les poutres en bois avaient été sauvagement sciées. C’en était fait du jardin ! Un jardin primé maintes fois lors du concours ‘Fleurir l’Ile Maurice’. L’express publia, sous la plume de Pipo Forget un article : ‘Un havre de Paix ! ».  Il fallait faire de la place pour une horrible structure métallique qui finalement ne sert pas à grand-chose et qui, en temps de pluie, crée une véritable cascade en plein Port Louis !  Et qui mouille ! Le passage reliant la rue du Vieux Conseil à la rue de la Poudrière en passant dans le ...Horror’s Palace n’est rien plus qu’une piscine sans eau. Le passage de la honte, je dirais ! Sale, pu et dangereux avec ses ‘water sprinklers’ capable de vous scalper. Gare aux enfants portés sur le dos des parents! Les touristes n’y passent plus. Ils ont peur. Peur d’être décapités.





Il pleuvait de tout sur le musée! Jusqu’au jour où, en cet après-midi du 10 janvier 2008, de la hauteur du 16e étage du ...Horror’s Palace, une grue géante laissa choir sa charge de six tonnes sur la toiture du Musée. Nous venions, ma femme et moi, de quitter les lieux après la visite de 38 écoliers. Des murs saccagées et laissées en abandon. On dirait que les romains habitaient en ces lieux. Des murs d’une dangerosité évidente.  Avis donc au nouveau président, M. Mossae !
Cette rue que je fis baptiser ‘Parcours Culturel Malcolm de Chazal’ perdit de sa splendeur! Elle abrite le siège du Malcolm de chazal Trust Fund, grâce à mon intervention auprès de Paul Bérenger que j’avais invité à venir voir et qui accepta que la Maison du Poète, restée fermée 14 ans durant, (tout comme le Musée de l’Histoire de Port Louis, inaugurée en Juillet 1993 et qui ferma ses portes le lendemain matin. Ce qui constitua un record mondial en ce qui concerne la plus courte durée de vie d’une institution muséale!).
La construction terminée on ne vit plus la plaque de la première pierre.
Ce fut la débandade. La cour suprême ordonna la saisie du bâtiment. Le Gouvernement fit l’acquisition de l’immeuble. Un cadeau empoisonné ! Essayez de débarquer ou embarquer les passagers devant le Garden Tower ! Observons les embouteillages monstre des camions déchargeant leurs produits pour l’hypermarché ‘Caddy Plus! Mettez-vous à l'abri de la pluie sous l'horrible 'canopy' ayant remplacé la belle varangue en bois rare du Musée de la Photographie , vous serez trempé en    Vous comprendrez, chers dirigeants politiques de l’Ile Maurice, que la faute n’est souvent pas de votre côté.
            Voilà l’histoire du plus gros scandale foncier et immobilier de l’histoire de Port Louis. Tristan Bréville.







1 comment:

  1. Cher Tristan,
    Bravo pour cette courageuse initiative.
    Il y a une limite à tout et ton blog permettra à ceux qui sont outrés par le mépris manifesté par nos dirigeants envers notre patrimoine d'exprimer leur indignation.
    Internet est une arme efficace qui permet aux "sans voix" et aux "petits" que nous sommes de se faire entendre.
    Que la clameur populaire s'enfle afin que nos "responsables" prennent conscience qu'ils ne pourront plus désormais faire n'importe quoi impunément.
    "Tant va la cruche à l'eau qu'elle finit par casser"
    C'est ce qui vient de se passer en Tunisie et en Egypte et ce qui est en cours en Lybie.
    Tiens bon
    Fausto

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